LES ÉTAPES DU DÉVELOPPEMENT DE LA PERSONNALITÉ

Les étapes du développement de la personnalité

Le psychoanalyste Erik Erikson, dans son livre Identity and the Life Cycle, décrit huit étapes du développement humain. Il y explique que les limitations de la personnalité peuvent être le résultat de problèmes non résolus à certaines étapes données. Nous soulignons les habitudes et comportements manifestes chez les adultes qui sont le résultat de dysfonctionnement à chacune des étapes. Le fait de savoir à quelle étape de son développement votre patient fut le plus perturbé peut vous aider à décider où concentrer vos efforts pour surmonter et guérir le passé. Sachez que les gens ne gèrent habituellement pas leurs problèmes de façon méthodique et séquentielle.

De O à 1 an: Confiance par opposition à méfiance

A cette étape, un enfant a besoin de savoir qu’il sera nourri, aimé, considéré, et soigné. Si un adulte n’est pas présent pour assurer à l’enfant sa sûreté et lui faire sentir qu’il est désiré, celui- ci percevra le monde comme un endroit dangereux. Si ses parents lui disent des paroles rassurantes, combien il est merveilleux, comme il est le bienvenu dans sa famille; s’il est pris dans les bras lorsqu’il pleure, s’il est écouté lorsqu’il est effrayé, et nourri lorsqu’il a faim, il sera ouvert et confiant envers son environnement.

Un adulte qui n’a pas été choyé à cet âge peut

  • souffrir d’une peur démesurée, excessive, d’être abandonné
  • tenter désespérément de trouver une personne qui le prenne en charge
  • exiger que quelqu’un prenne soin de lui
  • croire que personne n’est digne de confiance

Les patients qui s’accrochent désespérément à des relations destructrices, qui montrent des tendances paranoïdes, qui souffrent de boulimie ou d’alcoolisme, ou qui ont un besoin démesuré d’être admirés, peuvent avoir été négligés lorsqu’ils étaient enfants.

De 2 à 3 ans: Autonomie par opposition à honte

Entre 2 et 3 ans, un enfant commence à apprendre le contrôle de ses fonctions corporelles et à découvrir ses capacités et ses limites physiques. S’il est soutenu et respecté, il développera une saine autonomie et le sentiment qu’il a une incidence sur son univers. S’il est ridiculisé et critiqué lorsqu’il tente d’apprendre à contrôler sa vessie, les mouvements et la coordination de ses intestins, il pourra développer un sentiment profondément ancré de honte “Je suis une erreur” 

Les gens qui ont eu honte à cette étape de leur enfance peuvent:

  • souvent se sentir indignes, bons à rien, mal aimés
  • croire qu’ils n’ont pas le droit d’avoir une place dans le monde
  • créer leur identité en tentant d’être indispensables aux autres
  • justifier leur droit de vivre uniquement par leur importance pour les autres
  • s’excuser souvent et de manière inappropriée

Si votre patient a du mal à savoir ce qu’il veut ou à dire ‘non’ aux demandes des autres, s’il évite les nouvelles expériences, ou s’il craint la colère des autres, vous pourrez trouver la source de son expérience dans sa toute petite enfance.

De 4 à 5 ans: Initiative par opposition à culpabilité

Quand un enfant commence à imaginer, créer et agir selon ses propres idées, il développe de l’initiative. S’il est soutenu dans ses efforts pour exprimer ses pensées et ses émotions, il développera une saine curiosité. S’il est puni pour avoir essayé, exploré, expérimenté, il pourra se sentir coupable de ses actions et arrêtera d’avoir des initiatives ou agira en cachette.

Les adultes brimés à cette étape peuvent:

  • avoir peur de commettre des erreurs
  • se sentir impuissants et coupables
  • avoir tendance à être conciliants éviter de prendre des risques
  • dissimuler leurs erreurs

Si votre patient a des problèmes pour identifier et exprimer ses sentiments, s’il craint de se révéler à vous, s’il prend trop de responsabilités dans ses relations, ou s’il est une personne “c’est comme vous voulez”, ses problèmes peuvent trouver leur origine à cet âge préscolaire.

De 6 à 11 ans: Sociabilité par opposition à infériorité

C’est une période où l’enfant commence à être compétitif et à se comparer aux autres. S’il est encouragé à apprendre et sent qu’il est capable d’avoir un bon rapport avec ses pairs, il sera motivé à être actif dans le monde. Si ses parents et professeurs le critiquent sévèrement ou le négligent, il ne croira pas en lui ou agira pour lui-même. Il développera le sentiment d’être inférieur aux autres et de n’être à la hauteur d’aucune tâche.

Les adultes qui n’ont pas été encouragé durant ces années peuvent:

  • être hypercritiques envers eux-mêmes et envers les autres
  • éviter toute forme de compétition ou
  • être excessivement compétitifs
  • se sentir inférieurs et insécurisés

Les patients qui croient qu’ils doivent être parfaits, qui remettent tout au lendemain, et qui ne savent pascomment atteindre leurs objectifs n’ont pas reçu de soutien positif durant leurs années d’école.

De 12 à 21 ans: Identité par opposition à confusion de rôle

Durant l’adolescence, l’individu lutte pour apprendre à s’adapter au monde et s’accorder aux changements physiques qu’il expérimente. Il tente de se définir lui-même en relation avec les personnes du même sexe et celles du sexe opposé. Il décide quoi faire de sa vie. S’il est autorisé à explorer ses propres rêves et ses sentiments, à changer d’avis, et à essayer de nouvelles voies, il apprendra à s’accepter. Si ses proches ne le soutiennent pas et ne le guident pas dans ses nouvelles explorations, mais tentent de lui faire endosser prématurément un rôle, il pourra essayer de résoudre son problème d’identité en développant une identité rebelle destructrice ou en devenant « un caméléon ».

Souvent, des parents commencent à se sentir en conflit avec leurs propres rôles lorsqu’ils assistent au développement de la sexualité de leurs enfants. Des pères peuvent involontairement s’éloigner de leur fille ou faire des commentaires sexuels inappropriés. Les deux parents peuvent ne pas savoir comment gérer les changements expérimentés par leurs enfants adolescents.

Les adultes qui n’ont pas résolu leurs problèmes à cette étape peuvent:

  • montrer des signes de comportement adolescent
  • se sentir en opposition par rapport à qui ils sont
  • avoir du mal à établir des objectifs
  • rechercher leur identité à travers une relation ou des projets externes

Les patients qui montrent des obsessions romantiques ou qui fondent leur identité sur leurs biens, leurs relations ou leurs projets peuvent avoir besoin d’être orientés à cette étape pour un travail de processus de guérison.

Bien qu’un comportement codépendant trouve son origine dans l’enfance, nous pensons que ce n’est souvent pas avant la trentaine qu’une personne commence à se confronter aux effets d’un environnement familial dysfonctionnel. Avant cela, une personne peut essayer de remplir le ‘trou dans son esprit” avec la carrière qu’elle désire, une maison, une voiture ou relation ou une image physique. Nous voyons souvent des patients qui, ayant atteint les buts désirés, censés leur apporter paix et contentement, se sentent encore vides, inquiets et incomplets.

Les patients qui entrent dans les étapes de développement suivantes sans que les pièces nécessaires à la construction de l’identité soient en place, trouveront le combat pour l’intimité presque impossible. Fournir des informations sur les étapes de développement primaires, comme sur le problème principal de l’étape qu’ils vivent actuellement, aidera vos patients à voir la situation d’une perspective de contrôle plutôt que d’être “des boules sur la table de billard de la vie” (Richard Bandler)

Entre 21 et 30 ans: Intimité par opposition à isolement

Jeune adulte, l’individu commence à développer des relations intimes. Selon Erikson, une identité saine doit être développée préalablement à l’accomplissement de l’intimité. Si les étapes précédentes ont été vécues de manière positive, alors l’individu peut partager ses pensées, ses sentiments, ses rêves et ses souvenirs avec une autre personne; il peut s’engager dans des relations et dans sa vie professionnelle. S’il n’a pas vécu harmonieusement les étapes de l’enfance, il peut ne pas avoir confiance en lui-même ou envers les autres, être incapable d’entreprendre un projet et s’isoler lorsqu’il se sent menacé.

De 30 à 50 ans: Générer par opposition à stagner

Cet âge est une période où l’on cherche à ‘passer le flambeau’ à ses enfants ou dans son travail. Chez un individu sain, il y a un besoin de “retour à la vie’ et d’implication dans une communauté et dans des causes. Un individu psychologiquement appauvri stagnera, se mettra à l’écart et se sentira inutile. Il peut, d’autre part, se jeter dans le travail ou développer un problème d’alcoolisme.

Au-delà de 55 ans: Intégrité de l’ego par opposition à désespoir

Lorsqu’il vieillit, un individu commence à méditer sur sa vie. S’il na pas résolu ses anciens problèmes, il éprouvera du regret, du ressentiment et du désespoir. S’il a vécu une vie fructueuse, intégrée, il expérimentera un sentiment de paix.

(traduit de « From the Inside Out”, Sally Chamberlaine & Jan Price, pages 6 à 10)

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