Socrate : précurseur du coaching ?

Coaching et Philosophie : on ne vous l’avait pas encore faite celle-là ? et pourtant…

Socrate (470-399 av.J.C.) était connu pour l’exercice de la « maïeutique « c’est à dire par des questions amener l’esprit de son interlocuteur à penser par soi même. Socrate se disait accoucheur des âmes.
Pour Socrate, la philosophie est un acte, en conséquence on ne peut qu’apprendre à philosopher.
Pour les coaches, le coaching est un acte d’accompagnement et de révélation de réflexion, de ressenti et d’action.
Coacher est un un art, une discipline qui s’apprennent, se cultivent et se pratiquent au quotidien.

En quoi le coach du 21ème siécle peut prétendre qu’une partie de sa pratique relève de Socrate ?

Les propos ci-dessous ne se veulent pas être un traité philosophique mais une réflexion rapide sur les similitudes de méthodes.

1 – L’Ironie socratique :

En grec, le mot « ironie » veut dire « interrogation ».  L’ironie de Socrate c’est une manière de philosopher en posant des questions apparemment éloignées les unes des autres, pour mettre l’interlocuteur face à ses contradictions.
Comme le faisait Socrate, le questionnement du coach n’est pas, seulement,  un questionnement lié à une demande d’informations, ou de vérifications mais c’est un questionnement qui a pour objectif de faire avancer l’autre.
Un questionnement qui amène son interlocuteur à ouvrir ses champs de perceptions, à imaginer d’autres hypothèses, à se mettre à la place des autres, à envisager des points de vue qui lui échappait, qu’il n’avait peut-être même pas envisager, à se donner des choix,…
Le corollaire évident de ce type de questionnement est l’écoute active c’est-à-dire « entendre » ce qui dit l’autre en allant au-delà du contenu des mots, comprendre ce qu’il ressent, ce qui l’a amené à ce ressenti et à cette réflexion, bref le coach doit être perméable à tout, être comme une « parabole » qui capte tous les messages et les meta-messages.

Cette aptitude, seule, permet de pourvoir poser les questions vraiment pertinentes qui feront bouger le coaché.

2 – La « Maïeutique » :

L’art d’accoucher les esprits. Dans les propos de Socrate  « Je suis un accoucheur des âmes », «C’est toi qui le diras » ,  « Je sais que je ne sais rien »,  se trouvent, pour la plus grande part, la démarche du coach.
Un des postulats de base du coaching c’est de croire fermement qu’il existe dans chaque être humain un potentiel de potentiels inimaginables et surtout inutilisés. Pour utiliser une métaphore, si l’être humain était un château, c’est comme s’il vivait dans une, deux voire six pièces de son château alors qu’il y en a 800 et qu’il y a en plus des sous-sols, des greniers, un cellier, un parc…et qu’il ignore tout cela.

Le questionnement peut déranger, certains diront même « il doit » déranger . Il va nous mettre face à nos propres contradictions, à nos paradoxes, nos jugements, et nous plonger, ainsi, parfois, dans une zone d’inconfort. Mais ces passages-là sont nécessaires car ils vont permettre au coaché d’avoir accès à ses potentiels, à les découvrir, les repérer, les « fréquenter » et ainsi à être plus créatif, notamment dans la recherche de solutions concrètes.

En cela, le coach est un « accoucheur », un révélateur,  il va permettre au coaché de se découvrir lui-même, de s’accoucher de lui-même.

Le « Je sais que je ne sais rien » et le « C’est toi qui le diras »  de Socrate, repris par le coach ont pour objectif de laisser le coaché trouver, lui-même, ses solutions. Ce qui a le grand avantage d’être presque une condition pour une mise en application concrète par le coaché. Il s’est impliqué personnellement dans la recherche de la solution donc il l’applique parce qu’il a découvert par lui-même les avantages, les tenants et aboutissants de la solution. La solution est la fin d’un long processus.

Ce qui démontre bien également que le coaching n’est pas du consulting !
Le détachement du coach par rapport à ses propres connaissances, expériences, compétences, lors de la séance de coaching lui donne une attitude d’ouverture et d’humilité vis-à-vis du coaché, attitude nécessaire pour être disponible complètement à la problématique du coaché.
C’est aussi en cela que l’on ne naît pas coach et que l’on ne le devient pas en « trois cueillers à pôt ».
Cela demande un énorme travail, en formations et en intégration de celles-ci, en pratique, en supervision et en travail sur soi pour arriver à être un coach professionnel.

3- la dialectique :

En grec, ce mot veut dire « l’art de discuter ».
L’Art de Discuter ne veut pas dire deviser, raconter, polémiquer mais raisonner en analysant la réalité  (les réalités ?) et en mettant en évidence les contradictions de celles-ci et cela pour chercher à les dépasser.

C’est avancer sur les « voies de la Vérité  ».
Si la qualité de la relation est fondamentale entre le coaché et son coach, le coaching n’est pas pour autant une conversation de salon de thé. Il est nécessaire que le coaché acquiert de la flexibilité et de l’adaptabilité et cela ne se fait pas toujours sans remise en questions, sans perte de ses certitudes, sans période de doute. Celles-ci sont indispensables pour évoluer.

Pour résumé la séance de coaching n’est pas toujours « confortable »
Enfin, je ne peux terminer sans  le fameux « Connais-toi toi-même » cher à Socrate !
Ce précepte s’applique en premier au coach lui-même car c’est justement une condition pour n’être pas « un apprenti sorcier », et il s’applique aussi au coaché car c’est très souvent l’aboutissement d’un coaching.

Est-ce que Socrate serait heureux d’être ainsi utilisé aujourd’hui ?
Il y a, en tout cas, fort à parier qu’il apprécierait sûrement les polémiques autour de ce métier auquel il est associé !

Françoise Sax

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